Deux bandits célèbres : Gallocchio et Castelli




   





Bandit Castelli
Le bandit Castelli



Castelli
Mort du bandit Castelli

Le Bandit Castelli (1876-1929)

Tous ceux qui ont emprunté le sentier qui mène de Zalana au Pont Génois sur le fleuve Bravone, ont remarqué une croix creusée dans la paroi rocheuse qui surplombe le chemin. En cet endroit a été abattu un gendarme par le terrible bandit Castelli.

Francescu Maria Castelli est né à Carchetu, en Castagniccia, en 1876. Il commet son premier crime en 1906, au couvent d'Alesani, quand il abat son cousin Jules Santini au cours d'une partie de cartes.

Après quelques semaines de cavale, il se constitue prisonnier espérant une peine légère. Mais la Cour d'Assise de Bastia le condamne à cinq ans de prison et à cinq ans d'interdiction de séjour. Libéré pour bonne conduite en juillet 1911, il revient à Carchetu, pour se venger de l'homme qui a témoigné contre lui.

Le 10 août 1911, Castelli abat d'une décharge de chevrotine le brigadier Chabanon sur le sentier qui mène de Zalana au fleuve Bravone. Le lieu du meurtre est marqué d'une croix que l'on peut encore voir creusée dans la paroi rocheuse.

Une semaine plus tard, à Carchetu, il tue Sébastien Arrighi qui 24 ans auparavant s'était disputé avec son père.

En mai 1912, toujours à Carchetu, le bandit se poste devant sa maison de Jean François Castelli qui avait témoigné contre lui, et interdit à quiconque de s'approcher. Il n'hésite pas à tirer sur Maria Castelli, âgée de 18 ans qui venait ravitailler son père. Les habitants du village restent cachés chez eux et laissent agoniser la jeune fille pendant deux jours. Castelli leur interdit de fabriquer un cercueil, et Marie est enterrée, enroulée dans un drap.

Pendant près de 20 ans, Castelli fait régner la terreur dans cette micro-région de Castagniccia. Il s'invite chez les habitants, qui n'osent rien lui refuser, ni gite ni couvert. Les assassinats s'enchaînent : le charretier Antoine Raffali en août 1912 à Bustanicu, Paul Félix Albertini en octobre 1917, Jean-André Lamberti, un berger en décembre 1921....

Il rançonne les notables, les propriétaires. Il se lance même dans la politique et se présente comme candidat aux élections législatives de 1924 ! D'ailleurs certains hommes politiques n'hésitent pas à le solliciter pour « motiver » des électeurs...

Ce nouveau rôle dérange bien du monde, et certains envisagent de le faire supprimer.

Le 23 janvier 1929, en sortant de chez Paulin Mattei, près de Chiatra, il est abattu par un ou plusieurs tireurs, certainement payés par un homme politique.

frise


Le Bandit Gallocchio (Vers 1800-1835)

Né vers 1800, Jean Antommarchi, se destinait à l’Eglise. Il fit des études au séminaire d’Ajaccio, et garda de cette éducation des principes stricts. Il faillit tuer de colère un homme qui lui avait proposé de faire gras un vendredi ! On le surnommait Gallocchio, le petit coq, en raison de sa petite taille.

Le frère du jeune séminariste étant mort, le père voulut obliger Jean à se marier pour assurer la descendance. Gallocchio quitta donc le séminaire au printemps 1820 et fut fiancé à Marie Louise Vincensini, de Noceta. Mais la mère de la jeune fille lui préfèrait un jeune avocat de Corté, et brisa les fiançailles.

La jeune fille ne l’entend pas ainsi. Le soir du 18 juillet 1820, elle donne un rendez-vous secret à Gallocchio, qui la conduit à Campi, chez une de ses tantes. Les parents de Marie Louise portent plainte pour rapt, se rendent à Matra, et persuadent Marie Louise de les suivre. Lorsqu’il rentre des champs, Gallocchio s’aperçoit de la trahison de la jeune fille : « Je vous pardonne, lui crie-t-il, mais vous ne serez jamais ma femme, et nul ne sera jamais votre époux. »

Poursuivi par la justice, Gallocchio prend le maquis et décide de se venger. Un soir d’orage, alors que le père de Marie Louise ferme les volets, il est abattu. Ensuite Gallocchio se rend à Matra où il abat le frère de la jeune fille. Il tente de tuer l’autre frère, qu’il ne fait que blesser.

Après ces meurtres, la famille de Marie Louise désigne César Negroni pour assurer la protection de la jeune fille et de sa mère. Ce César est aussi son fiancé. Le soir des noces, au moment où les époux vont pénétrer dans la chambre nuptiale, Gallocchio tue le jeune César.

Recherché par les Voltigeurs, Gallocchio quitte la Corse pour la Sardaigne et s’engage dans l’armée de libération de la Grèce contre l’Empire Ottoman. Il y reste 8 ans et se bat avec vaillance dans plusieurs combats contre les Turcs. Il devient officier et songe même à se faire naturaliser Grec.

En avril 1833, son jeune frère Charles Philippe est abattu à la sortie de l'office du Jeudi Saint sur le seuil de la maison familiale, à Ampriani. La rumeur désigne Jules Negroni dit Peverone, frère de César. Au début de l’année 1834 après avoir appris cet assassinat, Gallocchio débarque un soir sur la plage d’Aleria et entreprend l'extermination de la famille Negroni. Sur le chemin d’Antisanti, il tue le cadet des frères Negroni. Une implaccable vendetta oppose Piverone et Gallocchio, qui abattent toutes les personnes, parents et amis, liées à l’adversaire.

Gallochio vêtu avec élégance, est toujours armé d'un poignard turc et d'un pistolet à double canon. Il est dépeint par Saint-Hilaire (*) comme un être féroce et sans pitié certes, mais aussi comme une sorte de Mandrin insouciant, courageux et tout puissant, libéré des régles de la société, un être en marge et rebelle. «C'était un homme d'une trentaine d'années, à la taille exiguë, à la jambe sèche et grêle, à la démarche agile […] ses traits remarquablement fins et délicats, ses cheveux blonds, son nez aquilin, son menton arrondi, sa main blanche comme celle d'une femme, composaient un ensemble qui après tout n'était rien moins qu'effrayant ; seulement de petits yeux gris, singulièrement mobiles, donnaient à son visage une expression inquiète et qui allait parfois jusqu'à la menace.»

Le 17 Novembre 1835, Gallocchio est assassiné par Sepentini de Focicchia, parent des Negroni, sur la commune d’Altiani. Piverone, qui tenait toujours le maquis fut pris au couvent de Zuani, le 5 juillet 1838, et condamné aux travaux forcés à perpétuité àToulon, où il fut un prisonnier modèle.

En quelques années se forgea sa légende de Gallocchio, «bandit d’honneur», et «seigneur du maquis».

(*) - Rosseeuw Saint-Hilaire, "Le déjeuner du bandit" dans "Corse noire", collection Librio, Flammarion, 2001

Document à télécharger (au format PDF) :
Le bandit Antommarchi, dit "Gallocchio", par Léonard de Saint Germain (1869)

 

Banditu
U banditu

I BANDITI...

Banditi pe' i macchioni
Quantu ci si n'ascundia,
Guardendusi da a spia :
L'Antonmarchi e i Negroni.

Gallochiu e Peverone,
Sopranomi cunisciuti,
D'Ampriani so esciuti
Per pratica u talione.

Carlu-Filippu è uccisu
Un ghiovi santu di sera ;
E di listessa manera
Pepinu, un ghiornu imprecisu.

Da Gallochiu a Peverone
Chi nimu ci s'inframetti,
Ne di fatti ne di detti,
Da Cursigliese a Tagnone.

Si tutt'ognunu temia
Di Gallochiu u terrore,
Si sa ch'ell'è ghiunt' a more
A l'aghia a Santa Lucia.

Abbé Gambotti Ange, "Tempi et tempi"